En effet, depuis les années 1990, les musées européens d’ethnographie changent. Ces mutations et rénovations répondent toutes au même besoin : celui d’adapter des institutions très anciennes aux défis de la mondialisation. Ces musées - qui ont constitué l’essentiel de leurs fonds entre la fin du XIXe siècle et la première moitié du XXe siècle, par des collectes en Afrique, Amérique, Asie et Océanie - ont donc entrepris de grands chantiers visant à les transformer sur les plans architectural, muséographique, scientifique et idéologique. A l’occasion de ces refondations et restructurations, les arts et cultures des Caraïbes font une entrée plus importante sur la scène muséale européenne, qui peine cependant à matérialiser ce patrimoine culturel. Des défis multiples s’imposent en effet aux institutions : 1° patrimonialiser l’entre-deux qui surgit dans la rencontre et nous évoque l’entrelacement du Tout-Monde, au delà de la limite sublimée de la frontière, 2° muséaliser le caractère immatériel et fugace d’un patrimoine qui émerge de situations de contact, 3° et inscrire les arts de la Caraïbe dans une territorialité plus vaste celle du continuum culturel des mondes créoles englobant Afrique australe et orientale et l’Océan indien.
Le Divers, que le Traité du Tout-Monde (1997) décrit comme une perception de l’altérité dans la multitude, rejoint donc les préoccupations universalistes des institutions muséales. Et cette poétique du « Divers » plaide pour une transposition des principes littéraires dans la muséologie.
Le Divers, que le Traité du Tout-Monde (1997) décrit comme une perception de l’altérité dans la multitude, rejoint donc les préoccupations universalistes des institutions muséales. Et cette poétique du « Divers » plaide pour une transposition des principes littéraires dans la muséologie.